Moutte
une artiste atypique
Historique de Moutte Plasticienne autodidacte née en 1960
C'est dans les années 90 , au hasard d'une balade que le bois m'a interpelée, j'ai commencé par une canne en hêtre à tête de cheval. De là je n'ai plus arrêté. C'est devenue une évidence, une deuxième respiration.. La récupération d'objets en tous genre donne lieu à des détournements . Les collages , le modelage, la sculpture sont autant de moyens d'exprimer l'énergie intérieure de mon imaginaire. Mon travail est à mes yeux un moyen supplémentaire de communication. D'un coté le travail en atelier qui reste une certaine quête vers un objectif de recherche au cœur de mon imaginaire ; de l'autre les réactions des différents publics rencontrés au cours d'expositions ou d'interventions artistiques. La communication passe par l’œuvre et se fait dans le partage d'émotions. Mon intention artistique est de provoquer cette alchimie , l’œuvre n'existe qu'à travers les yeux de celui qui la regarde.
Voilà une Auvergnate dont les oeuvres et surtout l'esprit même eussent plu à Dubuffet et Chaissac,théoricien et promoteur de l'art brut. Difficile en effet de concevoir artiste moins (pré- ou dé-) formée par quelqu'école ou un quelconque maître ;difficile aussi, face à ses oeuvres, de croire que''brut'' signifie médiocre. Cette plasticienne se révèle donc à la fois libre de toute influence d'un style extérieur, et entièrement déterminée par son univers intérieur. Avançant yeux grands ouverts dans le paysage conçu comme pourvoyeur de matériaux végétaux (éclats de bois, racines,champignons) et fragments divers (coquillages,galets,plumes), elle croit découvrir en ses rebuts des formes voire des personnages qui lui seraient extérieurs, mais qu'en fait elle a intérieurement conçus au préalable : ''la récupération c'est la chasse au trésor au trésor depuis mon plus jeune âge(...).Au départ, un morceau de bois(...) m'interpelle soit dans sa forme, soit dans sa structure.'' ; en réalité, c'est elle qui interpelle le morceau de bois qui ne lui sert que de miroir. Richard BUCAILLE
Créatrice sans limites, sans préjugés, sans contraintes, Moutte peut passer de la terre au bois ; d'un matériau sommairement bûcheronné à une substance sophistiquée ; de la peinture à la gravure ; de la création spatiale à la peinture...Le résultat est une œuvre protéiforme allant du portrait massif aux traits taillés (littéralement) à coups de serpes, à la chenille longiligne dans lequel elle mêle œuvre et décor, par exemple les jambes de la tapisserie africaine devenant les pattes de l'animal ; passant de l'arbre porte-bonheur surchargé d'offrandes à un individu arborant chemise criarde et multiples fanfreluches ; du portrait mordoré parce qu'elle a préservé la texture du bois de « Monsieur et Madame Bouleau » à « Miss Croquemitaine » éclatant de couleurs, en exploratrice caricaturale... Le plus curieux est la façon dont cette autodidacte met en marche son imagination lorsqu'elle devient créatrice d'Art-récup'. Il faudrait dire lorsqu'elle réalise ses œuvres en passant du végétal (écorces, bois, racines, champignons de souche...) au minéral ( galets, cailloux...) ou à l'animal (os, coquillages, plumes....) ; trouvant l'impossible conjonction de divers éléments qui en feront une chenille, un arbre, un totem, etc. : « se promenant » d’œuvres ludiques « racontées », à d'autres au contraire à peine ébauchées... Finalement, cette absence de définitions et cette recherche de formes tellement différenciées, n'est autre, pour Moutte, qu'une quête de liberté, apportée par chaque nouveau matériau. Le plaisir, l'envie d'exprimer le vide, l'espace, la lumière, la résonance avec tout ce qui fait partie de la troisième dimension ; et par opposition, l'envie d'aborder le volume, dans le sens du plein.Ou simplement, travailler le trait, couvrir une surface... Pour cette artiste, qu'importe la démarche, puisqu'elle parle toujours de l'être humain, de la sociabilité, des regards qui parlent de beaucoup de choses ; ou de l'absence de regards qui l'emmène vers d'autres orientations... Jeanine Smolec-Rivais
MOUTTE INTRA-MUROS Pourtant, ce visiteur n'a encore rien vu, car la maison est une sorte de promenoir, allant de la femme réalisée entièrement en pommes de pin placées différemment pour générer des nuances sur la jupe, sur la poitrine grillagée, des tentacules de tuyau jaune s'échappant de ses oreilles… à un très grand tableau portant collages et photos de bébés en toutes positions, aux couleurs fanées, indiquant qu'il a dû accompagner la croissance des enfants… à un animal longiligne, doublant la rampe d'escalier réalisé en plages de haricots installés en ordre parfait, séparés par des collages perpendiculaires de fines lanières de cuir. Prouvant que si Moutte est capable d'arroser de projections de peintures les murs de sa salle de bain, elle peut aussi avoir une infinie patience pour réaliser quelque animal fantasmagorique. Tout cela, l'air à la fois tellement bien rangé et projetant une multitude de couleurs. Surprenant. Sympathique. Unique et original parce que reflétant les talents de l'artiste. Divers, pour lui permettre de passer de l'un à l'autre au gré de sa fantaisie.
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